Il n’est pas facile d’être malade. Et c’est encore plus compliqué lorsque la maladie est longue et qu’il n’est pas clair qu’elle disparaîtra un jour.

Premièrement, il y a les difficultés habituelles : prendre des médicaments tout le temps, se sentir étourdi la plupart du temps, subir des traitements gênants une partie du temps, et avoir mal par-ci et par-là de temps en temps.

Deuxièmement, il y a les difficultés dont on parle moins : l’incapacité de travailler la plupart du temps, une faible estime de soi une partie du temps, le désespoir et les sentiments de culpabilité de temps en temps.

Troisièmement, il y a aussi des difficultés vraiment inattendues : les personnes qui savent tout et veulent expliquer tout tout le temps, les gens qui veulent aider, même si vous ne le voulez vraiment pas la plupart du temps, et il y a aussi ceux qu’on doit soutenir, là où cela devrait être l’inverse, de temps en temps.

Mais que se passe-t-il si soudainement, au milieu de toutes ces difficultés, survient une difficulté banale, normale. Disons que vous attrapez la crève ? Et pendant quelques jours, vous êtes au lit, avec un nez qui coule, de la fièvre et un gros mal de gorge.

Cela arrive à tout le monde, même aux personnes malades.

Et puis, après quelques jours, avec du paracétamol, du thé au citron, au gingembre et au miel, et avec un bon bouillon de poule, la crève disparaît. Comme chez tout le monde.

Soudain, vous vous sentez mieux.

C’est très surprenant étant donné que vous êtes toujours malade.

Cela me rappelle l’allégorie de la chèvre :

Avroum va voir son rabbin et lui dit : « Rabbi, c’est insupportable, notre maison est si petite, les enfants sont turbulents, ma femme est en colère, c’est étroit et suffocant. Je ne peux plus le supporter. »

Le rabbin lui demande : « Avroum, as-tu une chèvre ? »

Avroum, un peu surpris, répond : « Une chèvre ? Oui, j’ai une chèvre. »

Le rabbin lui dit : « Fais la entrer dans la maison et reviens me voir dans une semaine. »

Avroum pense qu’il n’a pas bien entendu : « Faire entrer la chèvre ?! »

« Oui », répond le rabbin, « Fais entrer la chèvre dans la maison et reviens me voir dans une semaine. »

Une semaine plus tard, Avroum revient et dit au rabbin : « Rabbi, cette semaine a été terrible. Les enfants continuent de se déchaîner, la chèvre saute partout, laissant derrière elle une traînée de débris et de crottes et a mangé trois oreillers, deux matelas et une chaise. Ma femme ne me parle plus. Je ne peux plus supporter ça. »

Le rabbin écoute attentivement puis dit : « Dis-moi, Avroum, as-tu des poules ? »

« Des poules ? » demande Avraham avec crainte.

« Oui, des poules », dit le rabbin, Prends-les aussi à la maison et reviens me voir dans une semaine. »

Une autre semaine passe et Avroum revient chez le rabbin.

Cette fois, le rabbin lui demande de faire entrer le cheval à la maison. Et une semaine plus tard, la vache. Puis l’agneau, suivi des trois canards…

Lorsque Avrum revient voir le rabbin après quelques semaines, ses vêtements sont sales, ses cheveux emmêlés et décorés de plumes et ses yeux cernés par le manque de sommeil. Le rabbin lui dit : « Avrum, rentre chez toi, sors la chèvre et reviens la semaine prochaine. »

Une semaine passe et Avrum revient chez le rabbin. Il dit : « Rabbi, la maison est soudainement si spacieuse. Merci beaucoup. Tu nous as sauvés. »

Et moi, quand la crève a disparu, je me suis senti un peu… guéri.