Voilà. Ils vont décoller pour rentrer à la maison. 

L’aéroport est petit mais très bien organisé et tout s’est passé en douceur. Il leur a fallu 15 minutes depuis l’entrée jusqu’à la porte d’embarquement.

A l’aller, c’était un bordel sans nom. Un énorme aéroport, des milliers de passagers, un personnel au sol exécrable, pas de file pour les personnes handicapées, nulle part où s’asseoir. 

Après que l’agent à la porte lui a annoncé que « la carte d’invalidité ne donne aucun privilège ici », il a envisagé de gueuler, de demander à parler au responsable, de dire à l’agent qu’il n’était vraiment qu’un petit merdeux. 

Mais, comme d’habitude, il n’a rien dit. Il est resté à attendre sur le côté.

Ils sont partis pour fêter son anniversaire. Un week-end à l’endroit où tout a commencé il y a presque trente ans. 

C’est elle qui a organisé. Trois jours, une charmante chambre en plein centre-ville, pas loin de l’appartement où ils vivaient à l’époque. Les merveilleux amis qu’il aime tant et auxquels il est si attaché. Tout était génial. Et lui il était triste. Sans raison.

Il a pensé que c’était vraiment dommage. « Tu repars là-bas » s’est-il dit. « Tu aimes cette ville, tu aimes ces gens et elle, tu l’aimes tellement. Réjouis-toi, débile. Peut-être que c’est la dernière fois. »

Ces derniers temps, depuis qu’il a commencé son nouveau traitement très expérimental, cette phrase lui revient souvent à l’esprit.

« Réjouis-toi, c’est ton anniversaire. Peut-être que c’est la dernière fois. »

« Réjouis-toi, il vient te rendre visite. Peut-être que c’est la dernière fois. »

« Réjouis-toi, nous partons en voyage. Peut-être que c’est la dernière fois. »

Mais lui il n’est pas joyeux. Peut-être, justement, parce que peut-être que c’est la dernière fois.