Personne ne pouvait rester indifférent à son égard.

Imagine-toi une fête ou une soirée entre amis. 

Des personnes, un verre de vin dans une main, et une brochette de mozzarella et de légumes bio marinés dans l’autre. Ils discutent de politique, ou du match de demain, ou peut-être du fait qu’il y a de plus en plus d’allergies au gluten et de sensibilité au lactose. Ou qui se disent qu’il est clair que les accouchements à domicile sont beaucoup plus sûrs et que les recherches montrent clairement que le bébé y sort en bien meilleure santé et bien plus intelligent. Et la mère aussi.

Maintenant, imagine-toi qu’elle entre dans la pièce. Soudain, le bruit des conversations diminue légèrement. Les têtes se tournent avec une sorte de distraction et les yeux jettent un petit regard discret. Ça c’est elle. Irrésistible.

Il a souvent essayé de comprendre si ce sont d’abord les yeux puis la conscience ou peut-être que c’est d’abord la conscience puis les yeux. Durant des années il a lutté avec cette question mais il n’a jamais été complètement sûr.

Il y avait quelque chose de magnétique en elle. Ça semblait être une sorte de joie de vivre constante. Tout va bien. Tout est facile. Tout ira bien. Toujours.

C’était si rafraîchissant, si surprenant et si évident que personne ne restait indifférent à son égard.

Elle avait beaucoup de connaissances. Et des potes. Et des amis. Et des amants. Il y avait aussi ceux qui étaient un peu de chaque.

Mais lui, il savait. Il l’a compris presque immédiatement après leur première rencontre – ce n’est qu’une apparence. Une façade. Une sorte de costume qu’elle porte.

La vérité était qu’à l’intérieur, elle était remplie de peurs et de doutes et de questions. 

Elle voulait tellement avoir un peu de stabilité et avait tellement peur de s’engager. Ou de se dévoiler. Ou de se faire brûler les ailes. Elle a appelé ça « liberté », mais je crois qu’elle se trompait de terme.

Alors elle a enterré son âme sous un tas de légèreté d’esprit.

Avec lui, elle était un peu différente. Pas tout le temps, et certainement pas au début.

Cela a pris des années, mais lentement, elle lui a permis de voir, de temps en temps, ce qui se cachait sous son bouclier.

Il jure qu’il l’a même vue pleurer une fois. Je pense que sur ce point il exagère un peu.

En revanche pour elle c’était facile. Elle le lisait comme un livre ouvert. En même temps, il n’a jamais vraiment essayé de se cacher.

Il était très différent d’elle. Elle était courageuse et lui, il était toujours inquiet. Elle aimait la foule et lui, il préférait être seul. Elle était incroyablement belle et lui… pas vraiment.

Mais ils allaient bien ensemble. Et ils étaient très proches.

Non, ils n’étaient pas un couple. S’ils vivaient ensemble, cela aurait sûrement explosé en une semaine.

Mais ils étaient liés, et se soutenaient, et se reposaient l’un sur l’autre, l’une pour l’autre.

Elle était à ses côtés dès le premier jour. Juste quand ça a commencé. Toujours en arrière-plan mais toujours prête, simplement, sans questions et sans paroles superflues, à écouter, à porter, à accompagner, à aider. À soutenir.

Et quand il a réalisé que cela allait être long, compliqué et très difficile. Quand il a senti que ça ne passerait peut-être jamais. Et puis, quand la situation s’est vraiment aggravée. Il était heureux qu’elle soit là.

Et elle était vraiment là. Pour lui.

Et cela l’a apaisé.