Un soir, vers neuf heures et demie, Lori Hassaraf soupira profondément et s’installa sur le canapé du salon avec un journal.

Le dîner était terminé, Ta’el et Rym étaient, chacune, dans son lit, et Moli était déjà dans le bain, comme presque chaque soir ces dernières semaines. 

Il y resterait encore au moins une heure.

Elle avait prévu de passer la soirée à lire, mais au lieu de se plonger dans le journal qu’elle tenait, elle se plongea dans ses pensées.

Au début, elle pensait à cette journée écoulée tranquillement. 

Ils s’étaient levés à midi et étaient allés déjeuner chez ces amis qui étaient si attentionnés et solidaires depuis que ce bazar les avait frappés. Le déjeuner avait été très agréable. Comme toujours.

“C’est tellement chouette et rassurant qu’ils soient là”, se dit-elle.

Puis elle pensa aux problèmes qu’elle avait eus avec son ordinateur et qui, apparemment, s’étaient résolus aujourd’hui.

Bien que ses explications n’aient pas été très claires et que la tension entre eux ait monté ça et là cet après-midi, elle était heureuse que l’ordinateur fonctionne et était, quand même, un peu fière d’eux d’avoir réussi à éviter de se disputer pour des babioles.

Ensuite, elle pensa aux deux phrases qu’il lui avait dites récemment :

“Quand la fin approche, on ne peut même pas dire qu’on en a marre” et “La maladie, c’est comme le boléro de Ravel – de plus en plus de la même chose”.

Ces phrases ont été difficiles à entendre. Bien sûr, il était clair pour eux deux qu’il valait toujours mieux voir la réalité telle qu’elle était, avec lucidité, mais cela ne voulait pas dire pour autant que faire face à la gravité de la situation et aux difficultés à venir devenait une tâche facile.

Elle était triste.

Elle se leva du canapé, jeta un coup d’œil à la salle de bain et lui dit qu’elle allait prendre une douche et qu’elle irait directement au lit.

Sous le jet d’eau, elle se disait que ce n’était franchement pas mal d’avoir deux salles de bains.

Elle sortit de la douche, se sécha, enfila son pyjama, d’abord le bas puis le haut, et se glissa dans le lit.

Elle se sentait bien sous la couette, mais elle ressentait aussi une sorte de tristesse qui l’enveloppait.

Quelques minutes plus tard, il entra dans la chambre.

Il la regarda avec un petit sourire et dit : “Aujourd’hui, j’ai battu mon record personnel – je n’ai jamais été autant de jours consécutifs en vie”.